« Hum je comprends ! En ce moment, j'ai un bilan comptable à boucler pour le dernier trimestre et c'est pas ce qu'il y a de plus simple. Je dois faire la chasse aux documents manquants pour boucler ma comptabilité... et préparer le bilan annuel. Et il y a toujours un petit malin qui essaie de gruger quelques dollars de notes de frais. Dommage pour lui, je sais toujours compter. », lui dit-il avant de poser son doigt sur sa tempe. Il semblait débordé mais surtout préoccupé. Il était sûrement un des meilleurs dans sa profession. C’était certain. Sinon, il n’aurait pas été recruté pour faire partie d’un gang de toute façon. On ne devait choisir que les meilleurs. Enfin, c’était ce qu’on lui avait dit. C’était une partie des raisons pour lesquelles Mischa avait accepté de réaliser des services pour le gang. Ça, et sa soif du danger, de braver les interdits… Mischa lui expliqua à son tour sa journée. Mischa & Dante, c’était surprenant. Ils ne se voyaient pas tous les jours mais de plus en plus souvent ces derniers temps. Il fallait dire qu’ils s’entendaient bien. Ils se comprenaient plutôt bien. Pourtant, ils n’étaient pas en couple. Ils n’étaient pas exclusifs non plus. Ils étaient libres de faire ce qu’ils voulaient avec qu’ils le souhaitaient. Et cela convenait très bien à Mischa. Elle ne voulait pas un copain tous les soirs, tous les jours, toutes les minutes… Elle n’avait jamais connu ça et n’avait aucune intention de s’engager… Elle aimait maintenir une certaine distance. Elle tenait beaucoup trop à sa liberté pour accepter autre chose. Elle n’avait pas l’habitude de tout ça. Cependant, pour l’instant, elle le vivait sans se poser trop de questions. Ils étaient heureux lors de leurs moments. Ils ne s’étaient encore jamais disputé. C’était positif. La jeune avocate lui demanda ce qu’il avait prévu pour le repas. « Tu vas te régaler ! En entrée, petite salade verte pour une mise en bouche. J'ai acheté des pousses de feuille chêne au marché, quelques pignons de pin, du vinaigre, deux belles tomates et de l'huile d'olive. Ensuite, je te propose de déguster des pâtes à la carbonara. Mais attention, hein ! Pas celles que tu trouves au rayon du supermarché ! Les vraies, avec la vraie recette, qui vient tout droit d'Italie ! Molto bene ! Puis pour ponctuer tout ça, mousse vanille avec un délicieux coulis de fraise. Et si tu n'es pas sage, il se pourrait bien que tu aies droit à une sortie de table avant la fin du repas... après tout, nous ne sommes pas pressés ! Nous avons toute la soirée pour nous ! », lui expliquait le brun ténébreux. Il semblait si fier de lui. Il était attachant. Il était terriblement mignon. Des papillons volaient dans son ventre. Elle lui adressa un large sourire. Il lui fit un clin d’œil puis sortit deux verres.  « Qu'est-ce que je te sers ? Je t'aurais bien proposé un vin italien, mais je n'en ai pas trouvé de convenable... j'ai du champagne, du martini... si tu veux quelque chose de plus soft, j'ai de la bière... et quelque chose de plus hard, j'ai du gin, du whisky, du rhum et de la vodka... De quoi as-tu envie ? A part de moi, bien sûr ? », l’interrogea le jeune homme. Mischa se rapprocha doucement de lui. Son regard planté dans le sien, elle n’était plus qu’à quelques centimètres de lui. « Moi ? Envie de toi ? Jamais, voyons.  », lâchait-elle doucement effleurant ses lèvres avant de s’éloigner brutalement. Laissant quelques mètres entre eux, la brune lui tourna le dos pour rejoindre la table. « Un whisky fera l’affaire, Dante.   », ajouta-t-elle avec un sourire en coin. La jeune femme retira ses chaussures en attendant qu’il lui serve son verre. Elle était à l’aise ici. Il la mettait à l’aise. C’était un peu comme s’ils se connaissaient depuis toujours parfois.

Mischa n’était plus vraiment la même depuis quelques mois. Depuis que son frère cadet avait quitté ce monde, une trace indélébile semblait fixée sur son cœur. Une douleur étrange qui se réveillait chaque jour un peu plus. Parfois un peu moins fort. Mischa ne s’entendait pas vraiment avec ses parents. Son frère était pour ainsi dire, sa seule famille. La famille qu’on choisit est nos amis. Mischa n’en avait pas beaucoup mais suffisamment pour ne pas se sentir trop seule. Le chemin était rempli d’embuches… La jeune femme dans le chaos de la douleur, c’était rapproché d’une connaissance. D’un jeune homme qui avait dérobé sa carte d’identité lors de leur première rencontre. Dante Waters. Il avait un charme italien combiné à une intelligence développée. Il fallait un homme intelligent pour attirer l’attention de Mischa. C’était l’esprit qui la séduisait. Bien qu’avouons-le, sa cuisine n’était pas trop mal non plus… Mischa l’avait retrouvé ce soir pour passer une soirée loin de tous ces émois. La jeune femme s’amusait à jouer avec le bâton qu’il lui avait tendu. Il rétorquait : « C'est vil de faire ça... mais je te l'ai déjà dit... tu vas voir qui va jouer bientôt... » La jeune femme prétexta de trembler de peur avant de rigoler. Elle l’attendait patiemment pour qu’il lui serve le fameux verre. Il l’invita à le rejoindre dans le salon. Ils s’installaient sur le canapé. Le jeune femme lui dit alors : « Je me disais, samedi prochain, on pourrait aller voir le prochain match de baseball ? J'ai moyen d'avoir de bonnes places, si ça te dit, bien sûr ! »  L’avocate déposa son regard dans le sien. Ça résonnait bien trop comme un rendez-vous. Ils ne faisaient pas de rendez-vous. Mischa ne sortait jamais avec personne. Mischa était un électron libre qui ne pouvait être dans une relation. Son cœur s’emballait dans sa poitrine. Elle replaça une de ses boucles derrières son oreille. La gêne l’assaillait. Comment pouvait-elle répondre à ça ? « Je suis désolée Dante. Je t’apprécie mais je ne suis pas prête pour ce genre de choses… Je ne cherche pas quelque chose de sérieux… Je ne suis pas ce genre de filles… Ce qu’on a aujourd’hui me convient très bien. J’espère que tu comprends… » , lâchait-elle sans croiser son regard. Elle avait choisi d’être honnête. Dante était un gars bien. Il méritait quelqu’un qui souhaitait la même chose que lui. Si ce n’était pas Mischa… Ainsi soit-il. Un pincement au cœur, la jeune femme s’osa à relever son regard dans sa direction. « Tant que j'y pense, il faudra que je te donne le numéro d'un bon pote qui a quelques ennuis. Une histoire de papillons qui auraient butiné dans des fleurs ne leur appartenant pas. Le classique, tu sais... plainte de voisinage, tout ça... », lui dit-il ensuite. Business. Ça, c’était un sujet qui passionnait Mischa. Elle était prête à en discuter. « N’hésite pas à lui dire de passer au cabinet. Je devrais y être dès demain. », lui répondit la brunette avec un large sourire. Les histoires du gang c’était ce qui les avait vraiment rapprochés. Ils avaient un point en commun. Ils semblaient d’ailleurs partager des valeurs communes. Peut-être dans une autre vie, ils auraient pu faire des rendez-vous. Vivre une vie de couple. Peut-être si Mischa était quelqu’un d’autre. Elle avait évolué depuis l’adolescence sur certains points mais sur celui-ci. La belle but une gorgée de son whisky. Il attrapa sa main pour la caresser. « Je suis toujours aussi impressionné par la douceur de tes mains. Est-ce qu'un jour tu me donneras ton secret ? », commentait le jeune homme. Mischa ne put s’empêcher de rire à sa remarque. Elle ne s’y attendait tellement pas. Elle aimait la beauté et prendre soin d’elle mais ses mains n’étaient que rarement sa priorité. Surtout avec les températures qui étaient descendues… « Je crois que tu es bien trop gentil. Mes mains sont loin d’être très douce. Enfin, je ne pense pas plus que d’autres…  », répondit-elle. Sa main effleura doucement son visage. Elle ajouta : « Ton visage en revanche, une peau de bébé… C’est si injuste, vous les hommes… Vous n’avez que peu à faire pour ça. Alors que nous c’est un budget mensuel… »